Guerriers vikings : le mythe du Berseker

La guerre a toujours fait partie intégrante de l’histoire humaine. Si elles étaient beaucoup plus fréquentes auparavant, pour les anciens, l’acte de guerre relevait de quelque chose de divin : le champ de bataille devient un lieu de miracles, de manifestations divines, de bénédictions ou de malédiction des dieux. Les guerriers, sans qui aucune guerre ne se ferait, ont toujours été une pièce centrale de la société, en grande partie responsables de sa sécurité et de sa pérennité. Les guerriers vikings, notamment avec les berserkers, ne font pas exception à cette règle : confrérie de païens et de païennes désirant protéger leurs menus commerces et et endurcis par des conditions climatiques éprouvantes, ils n’ont eu de choix que de se constituer comme guerriers au service d’un seul et unique maître. Leur culture, riche et diverse, témoigne de la valeur de la bravoure, de la persévérance et de la vaillance dans leur conception de la vie. A travers leurs nombreuses expansions qui ont longtemps terrorisé les empires voisins et éloignés à part égale, les vikings se sont forgés une réputation de guerriers sanguinaires que l’idée de mourir séduit plus qu’elle n’effraie.

Bersekers
Bersekers

Les Berserkers, fruit d’une culture guerrière

Durant l’ère viking, le métier de guerrier inspiraient plus de respect que le guerrier est le fabricant de bateaux. Si ces derniers ont bel et bien existé, comme en témoignent leur redoutables constructions marines qui ont terrorisé plusieurs nations, les Berserkers ont une existence un peu spéciale. Ont-ils vraiment existé ? Personne ne se demande aujourd’hui si Hercule ou Zeus ont bel et bien existé. De telles existences transcendent la simple dichotomie du réel et de l’imaginaire. Dans l’esprit de ceux qui les ont côtoyés, dans le langage, la culture et l’histoire, les Berserkers occupent une place de choix. Dans la culture populaire et dans l’imagination collective, les vikings sont dépeints comme étant de grands guerriers criards, vêtus de peaux de bête qui causent des bains de sang dans chaque bataille. Quand bien même cette représentation est erronée, elle s’inspire en grande partie des Berserkers.

Guerriers de vikings
Guerriers de vikings

Comme tout ce qui est fort et noble dans la civilisation viking, les berserkers étaient associés au dieu Odin. Ils entretenaient un rapport très étroit avec le dieu Odin, à qui ils demandaient la bravoure et la combativité nécessaires pour venir à bout des armées ennemies et semer la crainte dans leurs cœurs. L’usage de peaux de bêtes comme les loups et les ours était fréquent, en vue de s’approprier les attributs des animaux et des divinités qui leur sont associées. Cela était déjà le cas pour les guerriers à cheval, qui portaient des coiffes à cornes pour inspirer la crainte à leurs adversaires et pour se procurer la force et la vigueur de la bête. Dans la pénombre d’une bataille au crépuscule, apercevoir une horde d’hommes-ours en première ligne, armés de haches et d’épées gargantuesques ou des cavaliers cornus était suffisant pour faire abdiquer plusieurs adversaires. S’aidant de cris de guerre redoutables et de leur force physique importante, les Berserkers pouvaient faire la différence dans une bataille, même en nombre réduit.

Dans le corpus littéraire nordique ancien, les berserkers ou en alphabet viking : ᛒᛖᚱᛊᛖᚱᚲᚱ, combattaient dans un état de transe marqué par une fureur qui dépasse la colère commune. Le mot Berserker signifie littéralement chemise d’ours. La première hardiesse de ces guerriers viking d’exception était d’entrer dans le champ de bataille sans être muni d’aucune armure qui protègeraient des armes tranchantes et contondantes. La littérature regorge de description graphiques de moments de triomphe de ces troupes d’assaut qui avaient toujours la lance en sang. Souvent employés par des chefs d’armée dans les premiers rangs, Harald Ier de Norvège et d’autres rois scandinaves avaient également recours à la fureur démoniaque de ces guerriers vikings de choc pour assurer leur protection personnelle.

Les Berserkers dans les Sagas

Dans l’œuvre du poète et historien icelandais Snorri Sturluson, l’expression ni le feu ni le fer n’a d’emprise sur eux revient comme une leitmotiv. Une multitude de sources indiquent à maintes reprises que les Berserkers n’étaient pas affectés par les armes tranchantes, leur attribuant ainsi un pouvoir surnaturel. Un effet d’exagération inhérent à tous les mythes est bien sûr de rigueur, mais il faut garder à l’esprit que les créatures aux formes changeantes (les shape-shifters en anglais) étaient prépondérantes dans l’imaginaire collectif et dans les croyances de l’époque. Selon certaines interprétations de commentateurs modernes, les Berserkers seraient des êtres animaliers ou du moins, réconciliés avec leur côté animal.

le mythe du Berseker
le mythe du Berseker

Dans la littérature, les Berserkers ont une réputation d’hommes d’une force et d’une férocité inimaginables, à telle enseigne que leur nom a inspiré un l’adjectif anglais berserk qui désigne ce niveau de fureur violente et démoniaque. Les nombreux poèmes et sagas les décrivent comme étant invincibles et ne craignant ni le fer ni aucune arme. Ils pouvaient faire des incursions très hardies dans les rangs ennemis sans que la peur de recevoir de coup fatal ne les arrête. Mourir sur le champ de bataille, en plus d’être un vœu assez commun, constitue une source de fierté et de motivation pour le combat. C’est exactement cette mentalité qui leur donnait un avantage considérable sur leur ennemis. En revanche, après une bataille, les Berserkers entraient dans un état fébrile où ils étaient très vulnérables. Épuisés physiquement par l’effort titanesque qu’ils fournissent, les Berserkers entamaient une phase léthargique marquée par un sommeil digne de guerriers viking de leur acabit.

Les croyances des vikings étant très marquées par l’animisme et le lien étroit avec la nature et les animaux, le sommeil prolongé et comateux des Berserkers n’est pas sans rappeler l’hibernation des grands prédateurs des neiges. Aussi faibles que les nouveau-nés après la bataille, les redoutables guerriers ne tardaient pas à reprendre du poil de la bête pour la prochaine. Les repas collectifs, à forte teneur en protéines animales et en bière leur fournissaient les calories nécessaires pour endurer les combats acharnés et les travaux pénibles. Les Berserkers assuraient également des tâches difficiles de construction, de démolition ou de déblayage pour leur employeurs. Il n’était pas rare que leur rage soit déclenchée par aucune raison apparente, et qu’ils canalisaient dans le travail manuel sous les yeux ébahis de leurs confrères.

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