L’énigme des caries préhistoriques résolue par une étude de dents millénaires

Qui l’eût cru ? Nos ancêtres de l’âge du bronze, dépourvus de toute notre panoplie de soins dentaires, affichaient des sourires étonnamment exempts de caries ! Un fossé qui interpelle, surtout à une époque où les caries persistent malgré les avancées en matière d’hygiène buccale. Grâce à la découverte et à l’analyse de deux molaires vieilles de 4 000 ans, des chercheurs ont pu jeter un nouveau regard sur ce paradoxe. Publiée ce 27 mars 2024 dans le journal Molecular Biology and Evolution, l’étude en question met en lumière le lien indéniable entre nos habitudes alimentaires modernes et l’augmentation des problèmes dentaires. Le point sur le sujet avec Geoffrey Migliardi !

Une percée archéologique révèle les secrets des dents préhistoriques

Partons à la découverte de l’un des mystères de l’âge du Bronze, grâce à une découverte archéologique remarquable dans une grotte calcaire du comté de Limerick, Irlande, où des fouilles ont mis au jour deux dents datant de 2280 à 2140 av. J.-C. L’examen détaillé de ces reliques dentaires a révélé la présence pour le moins inattendue de Streptococcus mutans, le principal coupable des caries. Ce qui fascine ici, c’est que, malgré cette invasion bactérienne, l’homme auquel appartenaient ces dents n’a montré aucun signe de carie, vraisemblablement sauvé par une mort prématurée.

Ladite trouvaille est d’autant plus surprenante que le S. mutans survit rarement dans le registre fossile, sa nature destructrice empêchant la conservation de l’ADN. Les chercheurs pensent que la rareté de cette bactérie dans les restes anciens s’explique par un régime alimentaire ancestral faible en sucres simples et en aliments transformés, contrairement à nos assiettes modernes. Ces indices fossiles, rares mais précieux, comme une dent néolithique trouvée en France et une gomme mâchée datant du mésolithique en Scandinavie, ouvrent une fenêtre sur le passé et démontrent que nos ancêtres étaient, peut-être, mieux adaptés à éviter les caries que nous ne le sommes aujourd’hui !

Comment notre diète a transformé la bactérie cariogène

Nous vous le disions, dans la grotte de Killuragh, en Irlande, des scientifiques ont mis la main sur des vestiges dentaires incroyablement bien conservés, un véritable petit trésor archéologique qui a révélé une présence étonnante de Streptococcus mutans, le principal coupable des caries. L’étude de ces reliques a permis de tracer un portrait inattendu de cette bactérie à travers les âges, tout en révélant une évolution étroitement liée à nos changements alimentaires.

Dans le détail, les analyses comparatives avec des échantillons modernes de S. mutans ont démontré que l’explosion de sa virulence s’est alignée avec notre consommation croissante de sucre. En effet, les scientifiques confirment que l’augmentation de la consommation de sucre a créé un environnement buccal idéal pour cette bactérie, ce qui n’a pas manqué de favoriser sa prolifération. Louise Humphrey, du Musée d’histoire naturelle de Londres, précise que la flambée des cas de caries coïncide avec l’introduction du sucre raffiné au XIXe siècle. Plus largement, c’est l’avènement de l’agriculture céréalière, il y a environ 10 000 ans, qui marque le début d’une ère où les caries deviennent monnaie courante.

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