Navajo : l’histoire de ce peuple amérindien
Les Navajos ou Navahos, encore surnommés les « Dineh » représentent l’une des plus grandes tribus d’Indiens vivant aux États-Unis. Ils occupent un territoire amérindien semi-autonome, la Nation Navajo, qui est située à cheval entre 4 États américains : le Colorado, l’Arizona, l’Utah et le Nouveau-Mexique. Dans une certaine mesure, les coutumes et la langue de cette tribu rappellent celles des tribus Apaches, qui ont opposé une farouche résistance aux colons. Zoom sur l’histoire, le mode de vie et les particularités de ce peuple.
L’histoire des Navajos
Les Navajos représentent aujourd’hui la deuxième tribu amérindienne la plus importante aux États-Unis. L’histoire permet de retrouver les premiers Dineh en Alaska entre 1200 et 800 av. J.-C. Ils formaient alors un groupe constitué des tribus Eyaks, des Tlingits, des Haïdas et des Athabascans. Ces derniers se sépareront en 200 après J.C des autres tribus pour entamer leur longue migration vers l’Amérique.
L’arrivée des Navajos en Amérique
Grâce aux avancées technologiques dans le domaine de la génétique, les scientifiques ont démontré que les premiers Navajos étaient originaires de l’Asie. Cette tribu indigène se serait déplacée vers l’Alaska, puis en serait partie environ un millénaire et demi plus tard, pour rejoindre un territoire qui s’étend aujourd’hui entre l’actuel État de Vancouver au Canada et celui de Washington aux États-Unis.
À partir de 1300, un groupe se sépare de la tribu principale pour rejoindre le sud-ouest des États-Unis. Cette vague de déplacements va ensuite créer une distinction entre plusieurs sous-groupes dont :
- Les Jicarillas ;
- Les Mescaleros ;
- Les Lipans ;
- Les Kiowas-Apaches ;
- Les Chiricahuas ;
- Les Navajos.
Sur place, ils trouvent une région habitée par les tribus indiennes Comanches, Pueblos et Utes. Au fil des années, ils acquièrent une réputation de maraudeurs et de pillards, avant de s’installer définitivement dans une région que les Espagnols nommeront plus tard « Apacheria ». C’est aussi au début du 14e siècle à l’arrivée de Christophe Colomb que l’on retrouve pour la première fois le terme « Navajo », dérivé de l’appellation « Apachu de Nabajo ».
La guerre contre les colons et la déportation
À l’arrivée des premiers colons espagnols et mexicains, les Navajos sont une tribu pacifique qui vit de la chasse et de l’élevage. Toutefois, les Occidentaux commencent rapidement une campagne de revendication des terres qui va soulever une révolte de la part des Indiens. Autrefois séparés en tribus diverses, les autochtones vont se regrouper pour former un front commun contre les envahisseurs. Ils remporteront quelques grandes batailles entre le 17e et le 18e contre les Espagnols et les Mexicains et finiront par établir des contacts pacifiques, bien que très limités par la suite.
Quelques décennies après l’indépendance des États-Unis, un premier traité est conclu entre le gouvernement des États-Unis et les tribus Apaches. Cependant, après quelques accrochages et quelques événements malheureux dont le viol d’une femme Navajo suivi du meurtre d’une femme blanche, les troupes américaines entrent en sol indien et déciment la tribu Navajo. Les quelques survivants capturés sont envoyés à pied vers la réserve de Fort Sumner, dans le Nouveau-Mexique. Sur ce trajet de plus de 500 km, près de 200 Navajos trouveront la mort à cause de la rigueur de l’hiver et des ressources alimentaires insuffisantes. L’histoire retiendra cette marche comme la « Long Walk of 1863 » pendant laquelle de nombreuses personnes âgées et des enfants Navajos ont été abandonnés au bord des routes.
Une fois à Fort Sumner, de nombreuses tribus indiennes se retrouvent dans la « Bosque Redondo », une réserve qui doit sa mauvaise réputation aux mauvaises conditions de vie qu’elle abrite. Le plan de réserve indienne mis au point par le gouvernement américain sera un échec qui donnera suite à des traités avec les tribus autochtones. Les Navajos gagnent au cours de ces négociations l’autorisation de rejoindre leur ancien territoire alors limité à 14 000 km carrés. La tribu y retrouve sa culture et ses coutumes et se développe en même temps que de nouvelles terres arides et pauvres sont annexées à sa réserve. Au début du 20e siècle, cette dernière devient le plus grand territoire amérindien du pays en dépassant les 70 000 km carrés de superficie.
La prospérité de la tribu 20e siècle
La tribu double en nombre d’habitants au cours du 20e siècle en même temps que son activité d’élevage qui est contrainte à une limitation par les autorités américaines. Sans emploi, de nombreux Navajos trouvent une occupation dans les exploitations pétrolières peu après la découverte de gisements dans la région. Le premier gouvernement tribal est alors mis en place en 1923 pour conclure des accords entre les exploitants Navajos et les principales entreprises pétrolières des États-Unis. Des milliers de Navajos vont également quitter la réserve et certains rejoindront les forces armées américaines durant la Seconde Guerre mondiale. Ils serviront principalement en tant que codeurs pour transmettre des informations tactiques dans leur langue. Cet atout se révélera un avantage de poids pour le gouvernement américain qui édifiera plus tard une statue en l’honneur des codes talkers à Windows Rock.
Aujourd’hui, les Navajos vivent encore de l’élevage. Ils ont réussi à mettre en place un État entièrement démocratique au sein de leur réserve. Le gouvernement actuellement en place mise beaucoup sur le développement du tourisme pour présenter la culture et les arts de la tribu aux étrangers.
La culture Navajo
La culture Navajo se base sur un culte voué à la nature, à l’équilibre et à l’harmonie. Certaines divinités sont priées pour résoudre les affaires humaines lorsqu’un certain déséquilibre survient. Chez les Navajos, toute personne traversant une période difficile est malade dans la mesure où une certaine harmonie est rompue. Des cérémonies connues sous le nom de « voies » sont organisées afin d’apporter l’harmonie qui a été brisée à travers des rituels. Ceux-ci sont conduits par un « hataali » dont le rôle à tort confondu avec celui d’un chaman se rapporte plus à celui d’un chanteur qui guide le malade sur la voie de la guérison.
Comme la position du territoire Navajo qui est entouré par 4 grandes montagnes, le chiffre 4 a une grande importance dans la culture et la spiritualité Navajo. On retrouve ainsi le mont Blanca à l’Est, le mont Hesperus au Nord, le pic San Francisco à l’Ouest et le mont Taylor au Sud. Ces différentes directions ont également un attribut coloré. Le Nord est ainsi représenté par le noir, l’Ouest par le jaune, le Sud par le turquoise et l’Est par le Blanc. Les Dineh croient également qu’ils traversent 3 mondes différents avant d’intégrer ce monde qui est le 4e d’un point de vue spirituel.
L’organisation sociale de la tribu
La réserve des Navajos abrite plus de cinquante groupes dont certains appartiennent à d’autres tribus autochtones forcées de cohabiter. Dans les groupes d’affiliation Navajo, on retrouve des clans matrilinéaires. Une fois qu’un individu est en âge de se marier, il doit quitter son clan pour rejoindre un autre clan. L’unité sociale au sein de ces groupes est régie par les responsabilités des membres qui constituent de grandes familles élargies qui composent la seule et grande famille des Navajos.
Il n’est pas rare de trouver des logements modernes au sein de la réserve. Toutefois, de nombreux groupes ont préféré conserver l’architecture ancienne des hogans. Cette construction traditionnelle se réfère à une maison conique de près de 8 m de rayon au sol, renforcée par une armature en bois. L’ensemble est recouvert de terre et l’entrée est formée par un passage étroit généralement couvert. On retrouve également au sommet de la construction, un trou pour évacuer la fumée créée par les diverses tâches quotidiennes. Le côté gauche est généralement réservé aux hommes, tandis que le côté droit rassemble les femmes et les enfants. Un siège est parfois disposé au centre du logement pour asseoir le chef de famille. Dans la plupart des regroupements, on retrouve également des maisons de sudation, réservés aux prisonniers qui doivent y passer un certain temps pour retrouver leur harmonie et expier leurs crimes.
L’Économie
La Nation Navajo a recensé en 2017, plus de 390 000 habitants dont la grande majorité s’est tournée vers l’élevage de chèvres, de moutons, de chevaux et de bovins. De nombreuses personnes occupent également des emplois créés par le tourisme dans la réserve. Certains fabriquent des objets d’art comme des poteries et des vanneries qui sont essentiellement un héritage tiré de la cohabitation de la tribu avec les peuples Pueblos. Les Navajos exploitent également des réserves de turquoise qu’ils utilisent pour fabriquer des bijoux en argent ou en pierres précieuses qui font d’excellents souvenirs.
La croissance du peuple constitue toutefois un frein à son développement dans la mesure où la dimension économique est principalement traditionnelle pour la grande majorité des habitants. En 2018, ceux-ci avaient le revenu le plus élevé parmi les peuples amérindiens des États-Unis. Cela est notamment dû aux exploitations pétrolières dirigées par des Navajos, et par une compensation financière que verse le gouvernement américain.
Malgré cela, les habitants de la Nation Navajo font face à des problèmes récurrents qui proviennent de besoins primaires importants comme l’accès à l’eau courante, l’absence d’électricité et le manque de logements qui croît année après année.
Somme toute, ce peuple qui a été méprisé pendant longtemps aux États-Unis a réussi à se créer une place indépendante au sein de l’administration du pays. La tribu a su se reconnecter à ses origines et à sa culture, ce qui lui permet de préserver son identité au fil du temps.