C’est quoi un énarque ?

Le 8 avril 2021, coup de théâtre dans le milieu de la haute fonction publique : le président de la République annonce la fin de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) ! Au programme, une vaste réforme visant à ouvrir davantage les portes des sphères décisionnelles, encore perçues comme trop exclusives. L’ENA a donc été remplacée par l’Institut national du service public (INSP), l’occasion pour nous de revenir sur une question toujours d’actualité : qu’est-ce qu’un énarque ? Eléments de réponse !

Les énarques, qui sont-ils vraiment ?

D’emblée, il faut savoir que le terme « énarque » ne date pas d’hier, mais précisément de 1967, suite à la publication de « L’Enarchie ou les Mandarins de la société bourgeoise », un livre incisif signé sous le pseudonyme de Jacques Mandrin par Jean-Pierre Chevènement, Alain Gomez et Didier Motchane. Ces trois auteurs, eux-mêmes diplômés de l’ENA tout comme Emmanuel Macron ou encore Stéphane Layani, ont fusionné l’acronyme « ENA » avec le suffixe grec « -arque », qui signifie pouvoir, pour former ce terme aujourd’hui emblématique. « Enarque » désigne donc les membres d’une certaine oligarchie, tous issus de cette fameuse école qui, selon eux, monopolisent les postes clés de la société.

Dans leur ouvrage, ils dénoncent la sélection sociale des élèves, la logique implacable du classement et les lacunes de la formation qu’ils ont reçue. L’utilisation des termes « énarchie » et « énarque » dans ce contexte marque la première apparition de ces mots, le second devenant particulièrement populaire et intégrant le langage courant. Pour sa part, le journaliste Edwy Plenel définit l’ « énarchie » comme le « droit que se donnent les énarques de gouverner la société sur base de leur diplôme ».

Les maîtres des rouages de l’Etat

Les énarques, vous l’aurez compris, sont les cerveaux de l’administration française et, en tant que tels, ils débutent souvent leur carrière en tant qu’ « administrateurs civils ». Autrement dit, ils occupent des postes clés de cadres supérieurs dans divers ministères. A l’heure actuelle, ils sont environ 2 000 à exercer cette fonction, et le reste est réparti entre les juridictions administratives, notamment le Conseil d’Etat ou les tribunaux administratifs, les juridictions financières comme la Cour des comptes, ou encore les corps d’inspection tels que l’inspection des Finances ou celle de l’Education nationale.

Leur quotidien ? Il va de la rédaction de notes de synthèse à la gestion de dossiers de haut vol au cœur des ministères. En outre, ils s’impliquent aussi dans des missions d’audit, de contrôle ou encore dans des fonctions juridictionnelles. Nombre d’entre eux servent également l’Etat loin de la capitale, que ce soit dans les préfectures, les ambassades ou les postes d’expansion économique à l’étranger. Autre facette de leur carrière : la proximité avec le pouvoir politique ! En effet, beaucoup rejoignent les cabinets ministériels, celui du Premier ministre ou même de l’Elysée, et croisent ainsi régulièrement d’anciens camarades de promotion. Pour l’anecdote, en 1995, le président de la République, le Premier ministre ainsi que neuf ministres et quarante parlementaires étaient tous issus de l’ENA !

Enfin, il n’est pas rare de voir des énarques basculer vers le secteur privé, en y endossant des rôles de secrétaire général, conseiller diplomatique, directeur financier, voire président d’entreprise, dans l’industrie, la banque, l’audiovisuel ou l’édition.

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