Un outil conçu pour prévoir les conflits dans le monde inhérents au manque d’eau potable
L’accès à l’eau est aujourd’hui un enjeu planétaire crucial. Aujourd’hui, nous vous parlerons d’un outil présenté par le journal The Guardian en début d’année, qui permettrait de prévoir les conflits dans le monde. Il faut en effet savoir que le manque d’eau conduit de plus en plus à des conflits, particulièrement dans des zones déjà très fortement fragilisées. Le point sur le sujet avec l’avis de Life ONG.
Le Water, Peace and Security : un outil prédictif innovant
Le Water, Peace and Security (WPS) a été conçu et financé par le gouvernement néerlandais, puis il a été présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies avant d’être officiellement lancé en début d’année. Il s’agit d’un outil tout à fait inédit qui intègre à la fois des critères environnementaux (comme le taux de précipitation ou de sécheresse), mais aussi politiques, sociaux, ou encore économiques.
Son objectif est de permettre de prédire un an à l’avance l’apparition de conflits dans des zones frappées par le manque d’eau potable. Rappelons en effet que les actes de violence liés aux problèmes d’accès et d’approvisionnement en eau potable, expliqués notamment par le réchauffement climatique, ont fortement évolué au cours des dix dernières années, comme par exemple en Syrie et en Inde. L’outil est pour l’instant conçu pour étudier les zones d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est.
WPS permet ainsi d’identifier les zones qui pourraient être le centre de conflits avec au moins dix décès, et ce, de manière fiable (86% de justesse). Charles Iceland, l’un des chercheurs du projet, explique : « Il examine plus de 80 indicateurs, remontant à 20 ans. Cela lui permet d’être en mesure d’utiliser ce qu’il a ‘appris’ sur les corrélations entre ces variables pour prédire un conflit, ou non, au cours des 12 prochains mois, compte tenu des conditions actuelles ».
Des chiffres alarmants sur l’accès et l’assainissement de l’eau potable
Certaines études, notamment un rapport des Nations Unies publié en 2018, tirent la sonnette d’alarme : d’ici 2050, ce n’est pas moins de 5,7 milliards de personnes qui pourraient connaître une situation de pénurie d’eau… Les raisons : pollution de l’eau, changement climatique, augmentation de la demande… Il faut dire que l’Homme consomme chaque année 4 600 km³ d’eau : 70% pour l’agriculture, 20% pour l’industrie, 10% pour les ménages. Ce chiffre représente une augmentation de la demande d’1% par an, qui a été multipliée par 6 au cours des 100 dernières années !
Cette croissance constante est devenue source de conflits dans le monde. Le Pacific Institute, un centre de recherche américain, met en lumière ce phénomène. Les violences en lien avec l’eau ont ainsi augmenté de manière significative au cours de la dernière décennie : une vingtaine d’actes de violence ont été comptabilisés en 2000, contre 70 en 2018. A savoir qu’à côté de cela, plus de 2 milliards de personnes n’ont actuellement toujours pas accès à l’eau potable, ou à son assainissement…