Transmission des entreprises familiales : financement et choix du successeur, un défi persistant

La transmission des entreprises familiales est toujours aussi difficile… Pour les dirigeants, c’est un double casse-tête : d’un côté, il y a la question épineuse du financement de la passation, et de l’autre, celle du choix et de la motivation de leur successeur. Trouver le bon « dauphin » pour reprendre les rênes n’est pas une mince affaire… Le point sur le sujet avec Frédéric Bonan, conseiller en développement de PME !

Transmission des entreprises familiales en France, un sujet épineux

La transmission des entreprises familiales en France s’avère être un véritable défi, un constat réitéré par le dernier « Baromètre européen des entreprises familiales » de KPMG et European Family Businesses. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 45 % des dirigeants français d’entreprises familiales expriment leur inquiétude quant au financement de leur succession, un taux nettement supérieur à la moyenne européenne de 26 %. Le défi ne se limite pas au financier : 47 % des dirigeants français anticipent des difficultés à motiver leur successeur, contre 29 % à l’échelle européenne.

Au niveau européen, 23 % des dirigeants rencontrent des difficultés à identifier un successeur potentiel, 26 % se préoccupent de sa formation et 22 % craignent les conflits familiaux, un chiffre qui grimpe à 36 % dans les grandes entreprises. Le traitement fiscal de la transmission est aussi une source d’inquiétude pour 35 % des responsables, et plus de 50 % en France. Cela dit, le principal obstacle demeure l’« attachement émotionnel » de la génération actuelle, 37 % ayant du mal à passer le flambeau.

L’externalisation de la gouvernance gagne du terrain

La question de la transmission des entreprises familiales revêt une importance capitale, d’autant plus que de nombreuses entreprises à travers le monde pourraient être concernées dans les cinq à dix prochaines années. Selon une récente étude, environ 13,9 trillions d’euros seront transférés d’ici 2030, dont 2,9 trillions en Europe. Qui plus est, 35 % des dirigeants européens envisagent de transmettre la propriété de leur entreprise à la nouvelle génération, et 33 % son management.

Mais une évolution majeure se profile : l’ouverture croissante à l’externalisation de la gouvernance opérationnelle. Actuellement, 82 % des entreprises étudiées sont dirigées par un membre de la famille fondatrice, mais ce chiffre pourrait descendre à 62 % prochainement, et même à 52 % dans les grandes structures de plus de 1 000 salariés. Tom McGinness, global co-leader de KPMG Enterprise Family Business, souligne l’importance croissante de cette tendance : « Les familles vont rencontrer de plus en plus souvent le besoin d’aller chercher de l’expertise à l’extérieur pour aider l’entreprise à s’orienter dans un environnement complexe et évolutif. Alors que les business models sont de plus globaux et digitaux, le recrutement de dirigeants extérieurs à la famille peut apporter l’expérience, les compétences et l’indépendance d’analyse nécessaires pour innover, prendre des risques stratégiques et se développer ».

Rentabilité, guerre des talents et environnement réglementaire

Au-delà de la transmission, les entreprises familiales s’inquiètent notamment de la baisse de rentabilité, ressentie par 76 % des dirigeants français et 62 % des européens, de la guerre des talents (74 % en France contre 63 % en Europe), et de l’intensification de la concurrence. Plus de la moitié des dirigeants français expriment également leurs préoccupations face aux changements réglementaires et à la hausse des taxes. « Ils attendent davantage d’implication de la part du gouvernement, notamment autour de l’allégement et de la simplification réglementaire – taxes, fiscalité, coût du travail -, de la baisse des dépenses publiques, de la guerre des talents et de la stabilité économique et politique », indique KPMG.

Ces enjeux ont leur importance à l’heure où 64 % des dirigeants d’entreprises familiales françaises se disent actuellement « confiants » ou « très confiants » dans les perspectives de croissance de leur entreprise. Alpha Niang, expert-comptable et responsable national du Family Business chez KPMG France, observe : « Pour les dirigeants européens, et notamment français, la conjoncture actuelle est propice au lancement ou à la poursuite de chantiers stratégiques, en vue de consolider leur croissance ». Toutefois, cette confiance est conditionnée par la capacité d’innover et de recruter dans un environnement stable.

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