La constante macabre, qu’est-ce que c’est ?

Phénomène récurrent lors de l’évaluation en milieu scolaire, la constante macabre désigne la proportion de mauvaises notes nécessaire pour crédibiliser la notation d’un examen. Il s’agit d’un dysfonctionnement inconscient mis en évidence par le chercheur André Antibi et occasionnant de nombreuses conséquences didactiques. Voici ce qu’il faut savoir sur la constante macabre.

Un dysfonctionnement du système scolaire

Une salle de classe idéale est composée d’élèves qui excellent dans les différentes disciplines scolaires et de professeurs compétents et pédagogues. Dans un tel contexte, les apprenants obtiennent tous de bonnes notes aux examens. En réalité, un professeur dont la moyenne de classe est régulièrement de 14 ou de 15 sur 20 est considéré comme peu sérieux et laxiste par ses collègues, les parents d’élèves et même les apprenants. Cette pression de la société pousse le corps enseignant à mettre un pourcentage de mauvaises notes lors des contrôles, même lorsque le niveau de la classe est bon : c’est la constante macabre.

Les matières dites principales sont les plus ciblées par la constante macabre. Dès lors, les disciplines comme l’éducation physique et sportive, la musique ou les arts plastiques sont généralement épargnées par ce dysfonctionnement. En outre, la constante macabre s’observe dès l’enseignement primaire. En devant choisir entre les appréciations « en voie d’acquisition », « acquis » et « non acquis », les enseignants classent inconsciemment leurs élèves dans chacune des trois catégories pour effectuer une évaluation correcte.

De multiples causes

Selon André Antibi, la constante macabre aurait trois principales causes : la tradition, la courbe de Gauss et l’amalgame entre l’apprentissage et l’évaluation.

La nature de l’homme le pousse à reproduire ou à reconduire une situation existante pour faire comme tout le monde. C’est donc par habitude que la constante macabre est toujours présente dans le système éducatif. Dans un autre contexte, la répartition des notes est considérée comme étant un phénomène naturel. À ce titre, elle devrait suivre une courbe de Gauss centrée à 10.

Cependant, la capacité d’assimilation de l’enseignement varie d’un élève à un autre. L’évaluation d’un examen ne devrait donc pas tenir compte d’une constante, mais de l’aptitude de chaque apprenant. Du reste, au cours de la phase d’apprentissage d’une discipline scolaire, la difficulté n’est pas la même chez tous les élèves.

En suivant une logique de constante, il est normal que l’évaluation se caractérise par des notes éparses. Toutefois, les deux étapes doivent être dissociées. L’évaluation doit mettre les élèves à l’épreuve pour révéler leur véritable niveau. Un apprentissage mal orienté encourage donc la constante macabre.

Des conséquences désastreuses

Bien qu’il s’agisse d’un phénomène inconscient, la constante macabre entraîne de graves conséquences. Les évaluations étant corrigées comme des concours, ce dysfonctionnement rend complexe la lutte contre l’échec scolaire.

Les apprenants qui font partie des moins bons élèves d’une classe sont sanctionnés par de mauvaises notes en dépit de leurs efforts. Il s’ensuit une perte de confiance en soi de certains élèves et une cassure dans les rapports entre les enseignants et leurs apprenants. Du reste, la constante macabre augmente le nombre de cours particuliers pour éviter aux apprenants d’être victimes d’un dysfonctionnement scolaire persistant.

En définitive, la constante macabre est une approche de notation consistant à définir un quota de mauvaises notes pour l’évaluation d’un examen. Phénomène social et inconscient, cette défaillance doit être prise en compte pour améliorer la qualité de l’enseignement en France.

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