L’olifant, instrument mythique

Anciennement connu sous le nom d’oliphant, l’olifant est un instrument de musique à vent qui s’inscrit dans la lignée des cuivres, bien qu’il soit rarement métallique. Plus que les flûtes, l’olifant est historiquement lié à des grandes cérémonies et rituels mystiques, souvent guerriers. Plus d’infos dans la suite !

L’olifant : une éloquente relique de la communication d’antan

L’olifant est un instrument ancien, un artefact historique hautement symbolique. Parfois fabriqué à partir de la défense d’un éléphant (d’où il tire son nom), ou plus couramment d’une corne de bovidé, voire de métal, ce dispositif à embouchure était agrémenté de viroles métalliques servant à le suspendre.

Un peu à la manière des fameuses vuvuzelas, que le monde a découvert lors de la coupe du monde 2010 organisée en Afrique du Sud, l’olifant a un spectre sonore limité à un seul son. C’est pour cette raison qu’il servait principalement à la communication, et non à produire des mélodies comme on pourrait le penser. Comme un cor de guerre ou de chasse, il jouait un rôle clé en transmettant des signaux, en ralliant les troupes, ou encore en signalant l’approche d’un ennemi.

En tant que tel, l’olifant était un instrument généralement porté par les chefs, ou un serviteur spécifiquement désigné, équivalent aux radios portables actuelles qui suivent les commandants sur le champ de bataille. Nous vous le disions, leur rôle principal était d’alerter ou de rassembler les troupes en temps de guerre, de prévenir de leur arrivée. Au sein du château, un seul guetteur possédait un cor pour transmettre les signaux. Ainsi, l’olifant était en quelque sorte le mégaphone du noble, du seigneur dirigeant ses barons. C’était donc un symbole de statut, de pouvoir et d’autorité.

Une marque de commandement et de dignité

Au fil des siècles, l’olifant a fait l’objet de moultes représentations légendaires et historiques, comme dans le célèbre récit de Roland, où son cor est un olifant. Durant la bataille des défilés de Roncevaux, il sonne son olifant, un geste chargé d’une signification émotive et symbolique, témoin des sacrifices de ses camarades tombés. Sa fidélité à son olifant n’a d’égale que celle qu’il voue à son épée. Sentant sa fin proche, il brise son olifant avant de mourir, couché, sous un pin.

A l’époque, cet instrument était une marque distinctive de commandement et de dignité, portée uniquement par les grands chefs en temps de guerre. Perdre son olifant était considéré comme un grand déshonneur, soulignant l’importance symbolique de cet instrument dans la société féodale. A Vézelay, sur le corbeau d’une porte de l’abbatiale, un ange annonçant la naissance du Sauveur est représenté portant un olifant en bandoulière, démontrant encore son importance symbolique.

Sur un autre registre, les olifants en ivoire étaient souvent ornés de riches sculptures, dépeignant des scènes de chasse, des animaux réels ou fantastiques en bas-reliefs. Les musées publics et privés conservent certains de ces précieux objets, datant du Xe au XIIe siècle, le plus souvent venus d’Afrique. A ce niveau, il est utile de rappeler que Marc Ladreit de Lacharrière, grand amateur et collectionneur d’art africain, a offert un magnifique olifant au musée du Quai Branly, où vous pouvez aujourd’hui l’admirer.

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