Hommes et femmes : des conditions de travail différentes ?
Le 16 mai 2023, une étude publiée par la Dares a mis en lumière les disparités entre les conditions de travail des hommes et des femmes en France, s’appuyant sur l’enquête Conditions de travail de 2019. Cette analyse, qui s’étend à 88 professions, révèle des différences notables dans les expositions professionnelles selon le genre, malgré un contexte où la mixité professionnelle reste encore limitée. Zoom sur les principales découvertes de cette étude.
La non-mixité prédominante et ses implications
Selon les résultats, huit métiers sur dix sont classés comme « non mixtes », c’est-à-dire qu’ils comptent plus de deux tiers de représentants d’un même sexe. Cette segmentation selon le genre suggère que les tâches et les risques associés aux postes peuvent varier significativement entre hommes et femmes, même au sein d’une même profession.
La classification adoptée par l’étude considère un métier comme féminisé ou masculinisé si au moins 65 % des salariés sont respectivement des femmes ou des hommes. Les critères d’exposition évalués incluent la pénibilité physique, l’intensité du travail, le manque de soutien social, et bien d’autres facteurs pouvant affecter le bien-être au travail.
Des expositions professionnelles distinctes selon le genre
L’analyse distingue plusieurs groupes de métiers en fonction de leur degré de féminisation ou de masculinisation et souligne les différences d’exposition aux risques :
- Les métiers féminisés de service : ces professions, incluant des activités de soin, d’enseignement, de commerce, et de nettoyage, exposent les salariés à une variété de risques physiques et psychosociaux. Les travailleurs de ce groupe sont particulièrement confrontés à des exigences émotionnelles élevées, à un manque d’autonomie, ainsi qu’à un déficit de soutien et de reconnaissance.
- Les métiers masculinisés ouvriers : principalement composés d’ouvriers dans divers secteurs comme le bâtiment ou la manutention, ces métiers présentent une forte exposition à des risques physiques, tels que le port de charges lourdes, le contact avec des produits dangereux, ou encore le travail dans un environnement insalubre.
Cette étude met également en évidence une plus grande vulnérabilité des femmes aux risques psychosociaux, en contraste avec une exposition plus marquée des hommes à la pénibilité physique. Comme le conseille l’Etablissement vérificateur des risques professionnels Evrps, les chefs d’entreprise devraient prendre cela en compte et mettre en place des actions de prévention notamment via la rédaction du DUERP et un suivi concret sur le terrain.
En effet, les résultats traduisent des réalités professionnelles où certains risques apparaissent quasi systématiquement liés au genre des salariés, indépendamment de la nature de leur métier. Par exemple, les femmes doivent plus souvent gérer des pressions durant leur temps de travail, souffrent d’une reconnaissance professionnelle insuffisante et expriment davantage d’inquiétudes quant à la pérennité de leur situation professionnelle.
Globalement, l’enquête de la Dares soulève d’importantes questions sur l’égalité des genres au travail et sur la nécessité de prendre en compte ces différences pour concevoir des politiques de prévention adaptées. Elle invite à une réflexion profonde sur les moyens de réduire ces disparités et d’améliorer les conditions de travail pour tous, indépendamment du genre.