E-commerce : l’Europe serre la vis aux petits colis chinois et sort l’artillerie lourde contre Shein et Temu

Rester les bras croisés face à la menace des sites chinois d’e-commerce ? Pour l’Union européenne, c’est un non catégorique. En réaction au « tsunami » de petits colis qui arrivent quotidiennement sur le Vieux Continent, bourrés de produits à bas prix et souvent en provenance de Chine, l’UE a donc décidé de prendre les devants. Avec Shein et Temu en ligne de mire, Bruxelles lance une série de mesures musclées pour reprendre le contrôle. Décryptage !

Un flot ininterrompu de colis à prix cassés

Le chiffre donne le tournis : 12 millions de colis arrivent chaque jour en Europe, soit trois fois plus qu’en 2022 ! A l’intérieur, des vêtements, des gadgets électroniques, des jouets, du maquillage, bref, tout ce qui peut se vendre à prix dérisoire sur des plateformes comme Shein et Temu. Le problème est que ces produits ne sont pas seulement bon marché… Dans plus de 90 % des cas, ils ne respectent pas les normes européennes. Cela devient donc un véritable enjeu pour les sites de dropshipping, car comme l’explique le collectif Enfin Libre, le eCommerce évolue constamment et sourcer les bons produits est primordial. A ce jour, la sécurité, la qualité, le respect de l’environnement ne sont pas vraiment la priorité des géants du e-commerce chinois et c’est peut-être justement une bonne carte à jouer pour les acteurs français. En 2022, près de 75 % des contrefaçons saisies en Europe provenaient de Chine, tout comme la moitié des produits jugés dangereux.

Face à cette vague incontrôlée, l’UE contre-attaque. Objectif : taxer, contrôler et responsabiliser.

Taxes et contrôles renforcés : l’UE ne fait plus de cadeau

Jusqu’ici, un petit passe-droit permettait aux colis de moins de 150 euros d’échapper aux taxes. Résultat ? Un boulevard pour les plateformes asiatiques qui expédient leurs produits à la chaîne, sans payer un centime de TVA. Un manque à gagner colossal pour les Etats membres et un coup de massue pour les commerçants européens, qui voient leurs prix laminés par cette concurrence déloyale. Mais Bruxelles a décidé de changer la donne : fin de l’exonération fiscale. Désormais, chaque colis sera taxé, l’objectif étant de récupérer des fonds pour renforcer les contrôles douaniers et stopper l’arrivée massive de produits non conformes.

En outre, l’UE va utiliser l’intelligence artificielle pour détecter en amont les colis suspects, traquer les produits illégaux et empêcher leur mise en vente. On parle ici d’un véritable ratissement du marché pour éviter que les consommateurs ne se retrouvent avec des articles dangereux entre les mains.

Shein et Temu dans le viseur

Shein, le géant de la fast-fashion, est officiellement dans le viseur de la Commission européenne. Chef d’accusation ? Vente de produits dangereux et non-respect des normes de protection des consommateurs. A ce niveau, l’UE ne plaisante plus, avec une enquête conjointe avec le réseau de coopération des consommateurs (CPC) est en cours. Shein pourrait écoper de lourdes sanctions, avec des amendes infligées par les autorités nationales, comme la DGCCRF en France. Temu n’échappe pas à la vigilance des régulateurs et reste sous étroite surveillance.

Un enjeu économique, sanitaire et écologique

Derrière cette offensive, l’UE vise trois objectifs. En premier lieu, il s’agit de protéger les consommateurs de produits contrefaits, dangereux ou non conformes. Mais encore, il faut soutenir les entreprises européennes, étouffées par une concurrence qui ne joue pas selon les mêmes règles. Il s’agit, en dernier lieu, de limiter l’impact écologique de cette logistique particulièrement polluante, où des millions de colis font le tour du monde pour des produits à usage souvent éphémère.

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