Plus de 2.000 tonnes de déchets toxiques déchargés en Albanie après un périple maritime
Les ports d’Albanie sont au cœur d’une affaire environnementale majeure. Un navire chargé de plus de 2.000 tonnes de déchets suspectés d’être toxiques a accosté à Durrës, soulevant de nombreuses interrogations sur le transport et la gestion de ces matières dangereuses. On fait le point avec Jean Fixot de Chimirec.
Un voyage long et complexe pour 102 conteneurs suspects
Les 102 conteneurs en question ont quitté l’Albanie en juillet dernier pour un périple international. Le cargo, baptisé Moliva, a traversé plusieurs escales, notamment Singapour, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Turquie, avant de revenir à Durrës début novembre. Après plusieurs jours d’attente au large, le navire a enfin jeté l’ancre dans le port albanais, où son chargement a été immédiatement pris en charge par les autorités.
Ces conteneurs, déclarés initialement comme transportant de l’oxyde de fer, suscitent de sérieuses inquiétudes. Selon des organisations non gouvernementales spécialisées, ils pourraient contenir des poussières de four à arc électrique (EAFD), classées parmi les déchets toxiques dans de nombreux pays. Ce type de résidu, issu de la métallurgie, exige des précautions strictes en matière de transport et de stockage.
Une enquête en cours pour contrebande et abus de pouvoir
Face à ces suspicions, le parquet de Durrës a ouvert une enquête visant à clarifier le contenu exact des conteneurs et à identifier d’éventuelles irrégularités dans leur gestion. Les chefs d’accusation portent sur des faits présumés de contrebande de marchandises interdites et d’abus de pouvoir.
Pour avancer dans ses investigations, la justice albanaise a sollicité l’assistance de plusieurs institutions publiques et de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF). Les conteneurs seront déplacés vers une zone sécurisée, surveillée en permanence par la police. Leur contenu fera l’objet d’analyses approfondies menées par des experts et des laboratoires locaux.
Effectivement, ces mesures visent à déterminer si les matériaux transportés relèvent bien des déchets toxiques. Si cette hypothèse se confirme, l’affaire pourrait révéler une faille dans le contrôle des flux de marchandises sensibles à travers plusieurs pays.
Des enjeux environnementaux et juridiques importants
Les informations transmises par l’ONG Basel Action Network (BAN) pointent vers une potentielle violation des réglementations internationales sur la gestion des déchets dangereux. Les poussières de four à arc électrique, mentionnées par cette organisation, sont particulièrement problématiques. Elles contiennent des éléments polluants qui, mal traités, peuvent avoir des impacts environnementaux et sanitaires significatifs.
Ce dossier illustre aussi la difficulté de surveiller les chaînes logistiques internationales impliquant des matières à risques. Bien que les conteneurs aient circulé sous une déclaration douanière standard, leur contenu réel semble contredire ces déclarations initiales. De surcroît, cette affaire souligne les enjeux de coordination entre les autorités locales et les organismes européens, mobilisés ici pour faire respecter la législation en vigueur.